Cela s’est passé il y a bien une semaine mais je n’ai pas eu le temps de vous le raconter à cause de l’otite qui m’est tombée dessus.
J’étais sur les champs en attendant Myrtille. Elle était en retard bien évidemment mais je ne l’a ramenait pas trop, moi la pro du retard. J’ai dévié jusqu’à l’Avenue Victor Hugo pour jeter un coup d’œil chez Gerard Darel. Histoire de fantasmer un peu.
Il faisait beau et je visualisais d’avance le Frappucino glacé que je boirais avec elle. Je rentre dans la boutique à l’ambiance fraiche, apprécie les carreaux beiges de la boutique et le calme qui y règne. Je me dirige vers les sacs à mains par reflexe et prends le Saint Germain 36h Camel entre mes mains.
« Toujours tes préférés. »
Mon cœur rate un battement en reconnaissant la voix qui me parle. Je lève brusquement la tête.
Mr Goyave me fait face. A sa gauche, une divine brésilienne. Lara.
Autant mettre son vrai nom parce que je trouve qu’il lui va extrêmement bien.
« Tiens donc ! Goyave … et Lara… Bonjour ! »
Echange de sourires légèrement forcés.
« Ca fait longtemps que je ne t’avais pas croisé Lara… »
Grande, mince (36 en taille pantalon quand elle a des kilos en trop), une poitrine de mannequin Victoria Secret, de très longs cheveux noirs et lisses qu’elle relève sur un côté avec une barrette Swarovski en forme de papillon, des yeux verts, une bouche parfaite et évidemment une peau sans aucun défaut.
Je la connais car elle faisait partie des « amies » de Mr Goyave à l’époque où nous étions ensemble. Elle est la fille d’un riche homme d’affaire brésilien, ce qui fait d’elle une belle fille très riche. Elle a un compte en banque plus fourni que celui de Mr Goyave. (Je vous laisse imaginer ce que cela peut représenter.)
Est-ce qu’on s’entendait ? Je ne sais pas. Je ne faisais pas partie de son monde. Elle n’était pas méchante ou gentille. Je crois qu’« entente cordiale » serait le mot pour parler de ce qu’il y avait entre elle et moi.
« Donc vous êtes ensemble tous les deux ? » dis-je en faisant des allers-retours entre eux deux avec la pointe de mon doigt.
« Tout à fait. Lara et moi, on est ensemble… » me dis Goyave avec un sourire franc.
Lara s’éloigna vers la caisse avec un petit sourire dans ma direction. Son déhanché était accentué par les Manolo Blahnik qu’elle avait au pied. Derniere collection. La mini-robe Pucci aussi.
« Elle paye elle-même ses vêtements… » Murmurais-je ironique.
Il me sourit et répliqua :
« Il lui arrive même de m’en payer… »
Il était habillé dans des tons qu’il ne portait pas lorsqu’on se fréquentait. Un polo Gant incarnat et un pantalon droit kaki. Des jolies Fred Perry aux pieds. Le parfait beau fils digne de diriger un empire commercial.
« Comme quoi, la vie est belle. Et puis, elle a ton âge. Six ans de plus que moi. »
« Oui, je suis heureux avec elle. »
« D’ailleurs ça explique ton sms d’il y a quatre jours. C’était quoi déjà ? ‘’Tu me manques…’’ ? »
« Arrête, Cerise. »
Lara était de retour. Goyave passa son bras autour de ses hanches. J’allais leur dire aurevoir et sortir de ce magasin lorsque Lara me lâcha dans un grand sourire :
« On va vivre ensemble! Il ne te l’a pas dit ? Nous nous sommes trouvé un loft sympa à New York et on part en fin Juin vivre là bas. »
« Ah… Génial. »
Mon cœur battait à cent à l’heure mais je me forçais à conserver un sourire sur mon visage.
« Ow… Paris finira sans doute par vous manquer. Je vous laisse, je dois rejoindre Myrtille et je suis en retard. Bonne journée ! »
Je fis volte face et sortit du magasin en entendant leur « bonne journée à toi aussi ! Contents de t’avoir revu… ».
Je remontais vers l’Etoile.
Je les revoyais encore et encore ; ensemble, amoureux, vivants ensemble, emménageants ensemble.
Beaux, riches et cigarettes.
Jalouse ? Je ne sais pas.
Sur le moment, je me suis dit que ça aurait dû être moi. Qu’elle était à ma place. Que j’étais la femme de sa vie et qu’aucune fille ne pourrait me remplacer.
Mais si, c’est le cas. Elle est incontestablement plus belle que moi. Elle est du même milieu que lui et elle ne lui offre pas pour Noël une boite de rangement créé par elle-même. Elle lui offre un voyage aux Bermudes dans un Palace avec accès illimité au golf.
Je la revoyais passer la main dans ses longs cheveux noirs. Sourire à la vendeuse en tendant une carte Platinium. Revenir avec ses nouveaux achats et les ajoutés aux sacs Chanel et Louis Vuitton déjà présents dans la main droite de Goyave.
Je me sentais toute petite.
Toute rien du tout.
Je me sentais comme une paire de boucles d’oreilles Claire’s en face de boucles d’oreilles Cartier.
Minable.
Je n’ai même pas vu Myrtille approcher. J’étais devant la station de métro complètement dans mes pensées.
« Tu tires une tête toi ! On dirait les jours où tu vois Goyave… » dit-elle en rigolant.
Mon regard éloquent dans le sien. Mon silence.
« Tu as VU Goyave ! »
« … Avec Lara. »
« Quoi avec Lara ? »
« Il est avec Lara maintenant. Ils faisaient du shopping. Elle avait le dernier Chloé à la main. Tu sais qu’elle n’a toujours pas coupé ses cheveux ? Ils vont vivre ensemble. Elle avait une Swarovski dans les cheveux. Un loft à New York soit disant. Il porte des Fred Perry maintenant…. »
« Cerise ! Stop ! Tu te calme ok ? Tu reprends depuis le début. Tu te calme, tu souffles. Et garde en tête que tu es en couple. »
Silence.
« Je t’écoute. »
Dans les couloirs du métro, je lui raconte tout en exagérant certains détails comme toute fille le ferait. Assises au Starbuck de la Rue de Seze, je conclue en disant :
« Franchement, je m’attendais à quoi ? Qu’avec son jet il revienne atterrir dans le hall de mon immeuble ? C’est mieux qu’ils soient ensemble… »
« Tu me fais pitié copine. »
« Pardon ? »
« Tu sors avec le mec le plus adorable de l’univers. Il te supporte, il te fait des trucs de dingues au lit, il est toujours là pour toi et toi, tu te plains parce que tu as vu ton ex, qui je le rappelle a détruit pendant plus d’un an, l’estime que tu avais pour toi-même. Alors tu vas m’arrêter ça tout de suite. Tu les oublies. Tu fais ta vie. Tu commandes un deuxième cookie et tu arrête de me faire chier avec tes faux problèmes. »
« Salope. »
« Je t’aime aussi. »
On éclate de rire.
Plus tard, dans mon lit, j’ai compris qu’elle avait raison et que Goyave avait aussi le droit de faire sa vie.
Après tout, j’avais refait la mienne.
Nicolas
septembre 2, 2011Elle est cool ta photo du blog, fait longtemps que j’étais pas venu je trouve que ton écriture à gagner en fraîcheur et en maturité.
Mlle Cerise
septembre 5, 2011Merci…. Je suis très contente quand des lecteurs de la première heure me font des compliments et continues de me suivre.
Presque 2ans je crois… Ravie que tu apprécies toujours!
Bisous,
Cerise