Voici donc la suite de l’article précédent.
Vous constaterez sa longueur… La suite ne viendra donc que d’ici une semaine…
Plusieurs coups frappés sur la porte m’extirpent de mon sommeil.
J’ouvris difficilement les yeux et essayait de me resituer dans l’obscurité.
Lit immense. Chambre. Chambre d’hôtel.
On frappait de nouveau encore plus fort à la porte.
Je sortis du lit et marchai dans une assiette dont le contenu poisseux colla la plante de mes pieds. Orgie de sucre de la veille.
On tambourina de plus belle.
« J’arrive »
Devant la porte, je demandai :
« C’est qui ? »
« Putin Cerise… Ouvre ! »
J’ouvre la porte et vois Mr Goyave adossé contre le mur qui fait face à la porte. Il sentait la vodka et le tabac.
« Tu as mis du temps à ouvrir. »
Il se détacha du mur avec difficulté et tangua jusque dans le petit salon.
Je regarde l’horloge sur le téléviseur : 6h33.
La pièce était plongée dans l’obscurité mais je le voyais clairement affalé dans le sofa. Sa tête légèrement sur le côté et le regard luttant pour maintenir les yeux ouverts.
Je fis volteface pour retourner dans la chambre. J’étais énervée et triste en même temps. Ce sont les deux sentiments qui m’animaient le plus quand j’étais avec lui.
Il avait passé la nuit au VIP Room, avait bu à l’excès et n’en éprouvait aucune forme de remords.
« Tu vas ou ? »
« Me recoucher Goyave ! C’est ce que je faisais avant que tu ne rentres »
Un soupir me répondit. Je rentrais dans le lit, me mit de mon côté et fermait les yeux.
Je l’écoutais.
Je l’entendis se lever du canapé du salon, se diriger d’un pas lourd et sans doute mal assuré vers la salle de bain.
Robinet. Eau qui coule. Bruit de brossage de dent. Soupir encore.
Puis il est dans la chambre. Le lit s’affaisse lorsqu’il s’assoit dessus. Il se déshabille.
Il tombe en arrière et je sens son épaule sur ma cheville.
Il remonte difficilement dans le lit et tire la couette sur lui.
Je ne bouge pas. Je lui fais dos. Je lui en veux.
« Chérie… »
Pas de réponse de ma part.
« Chérie… Je suis désolé. »
Je sais son corps lourd par les litres d’alcools qu’il a ingurgité. N’entendant aucune réaction de ma part :
« Hein ?! Je suis désolé ! »
Il glisse sa main de manière sinueuse entre mes cuisses. J’étais nue. Je le ressentis comme un viol.
« Ne me touche pas ! » Criais-je en me redressant dans le lit.
« Oh… Allez… ! »
« Allez quoi ? Goyave je te jure que si tu me touches … ! »
« Tu vas faire quoi hein ? »
En joignant le geste à la parole, il plaqua son bras contre ma poitrine et me rabattu sur le lit.
« Sinon quoi ? »
« Arrête ! »
Il me regardait un instant. L’odeur d’alcool de son haleine s’était mêlée à la menthe verte du dentifrice. Dans un souffle, il se dégagea de moi et s’affala sur le côté. Je repris ma position initiale en lui faisant dos.
« T’es qu’une gamine ! » lâcha-t-il dans un grognement.
Mon cœur se serra mais je ne bougeais pas. J’eus envie de pleurer mais rien ne sortit. Même humiliée, je restais fière.
Quelques minutes plus tard son souffle devint plus régulier.
Il s’était endormi.
Tournant et tournant encore sans cesse dans le lit sans parvenir à m’endormir, je décidais de mettre un terme à mes tentatives.
Je sortis du lit et en fit le tour. D’une main, je soulevais mon sac à main et cherchait à tâtons mon IPod.
J’ouvris l’un des deux rideaux black-out et m’assit sur la moquette devant la baie vitrée… Paris la nuit.
Le jour ne s’était pas encore levé en cette période hivernale.
Je mis mon IPod en marche. L’IPod qu’il m’avait offert et fait gravé à nos initiales.
Vivaldi – Les Quatre saisons. L’hiver.
La vue, la musique, le contact moelleux de la moquette me fit oublier un peu ma nuit.
C’est ce que je faisais le mieux. Me voiler la face. M’empêcher de penser au fait que je n’étais pas heureuse dans mon couple. Pour moi, c’est comme si je n’avais pas le droit d’être à 100% heureuse parce que j’avais accepté tout cela dès le début.
Pourquoi ferais-je marche arrière aujourd’hui ?
Il y avait aussi que je subissais une pression dont je n’avais pas toujours conscience. Les Cocktails, mes principales fréquentations du moment m’enviaient mon homme et la situation à laquelle j’accédais.
Elles minimisaient systématiquement mes plaintes en les retournant même contre moi. Elles auraient été capables de me dire que c’était de ma faute si Goyave m’avait empêché de venir avec lui.
J’aurais dû prévoir plusieurs tenues de soirées, j’aurais dû rester présentable même après l’amour, même après une heure du matin !
Comment penser que c’est moi qui avais raison de me plaindre et d’éprouver de la tristesse quand les seules personnes à qui tu en parles te font un véritable lavage de cerveau.
Je vous rappelle que j’étais en Internat et que je n’en sortais qu’une fois par mois officiellement pour voir ma famille. Mais sinon, je n’évoluais qu’avec eux.
Des adolescents qui ont tout vu trop vite. Ou qui pensent avoir tout vu.
Lorsque, le jour fut levé, je commandais un petit déjeuner et sortit de la chambre pour m’installer dans le salon devant la télé.
Vers onze heures, Goyave n’était toujours pas réveillé. Je pris une douche, enfilait un ensemble jogging bordeaux peau de pèche qu’il m’avait offert des mois auparavant.
Je ramenais mes cheveux en queue de cheval et mon journal intime à la main, je m’assis devant le bureau. J’ouvris les premières pages et vis mes photos et mes écrits sur ma vie d’avant.
La vie de 6e/5e où un haut Pimkie est le truc le plus hype de la planète.
L’époque où je fantasmais sur le « Bad boy » de ma classe parce qu’il m’avait fait la bise.
L’époque où n’y avait rien de plus important un samedi soir que les deux épisodes inédits de Charmed sur M6.
J’entendis des pas lourds dans le couloir vers la salle de bain. Après, s’être brossé les dents, Goyave était devant moi.
Ses deux mètres me dominaient mais je ne levai pas les yeux sur lui.
« Cerise …»
Pas de réponse de ma part. Je fais mise de griffonner quelque chose sur ma page.
« Cerise, je suis désolé pour hier… »
« Désolé pourquoi au juste Goyave ? »
Je plante mon regard dans le sien.
« Désolé de faire rentrer quelqu’un dans la chambre sans me prévenir tout en sachant que je suis nue ? Désolé de me mépriser face à Betterave ? Désolé d’être partie en boite sans moi ? Désolé de m’avoir abandonné dans ta chambre d’hôtel comme les putes que tu te payais avant ?
Désolé de rentrer complètement bourré au petit matin ? Désolé d’avoir essayé de me calmer avec tes doigts entre mes cuisses ? Désolé de m’avoir fait me sentir comme une merde ? Désolé de quoi Goyave ? »
Il resta silencieux puis soupira et s’accroupit pour être à ma taille. Il posa sa main sur mon genou.
« Cerise pardon pour tout ça ! Je suis vraiment désolé pour tout. Tu sais que je n’ai pas encore tous les réflexes d’être avec quelqu’un dont je suis amoureux. Je n’ai jamais eu de relations sérieuses et j’oublie parfois que tu n’es pas comme toutes ces filles…
Hier, je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne pensais pas à mal. Ce n’était pas volontaire. J’ai ruiné notre soirée et je m’en veux. »
Il prit mon menton et tourna mon visage pour que je le regarde dans les yeux.
« Cerise, je t’aime. Pardonne-moi. »
Lorsqu’il prononçait mon prénom avec des fluctuations particulières comme cela, je me sentais fondre. Je sentais mon cœur totalement offert à lui.
Je soupirais.
Il posa ses paumes sur mes joues et me sourit :
« Je sais que tu m’en veux déjà plus. Souris-moi… »
Je me forçais à ne pas sourire.
« Mesdames et messieurs, veuillez faire place au plus beau sourire de la planète ! J’ai nommé celui de ma femme Cerise ! Attention…. 3… 2… 1… »
J’éclate de rire.
« Tu es trop bête. »
Le son de sa voix, son humour, son sourire, ses yeux…
Tout m’envoûtait.
Avant de m’embrasser, il me murmura :
« Je suis vraiment désolé, d’accord ? »
Il m’embrassa puis se redressa, me souleva de la chaise en me prenant dans ses bras.
« J’ai quelque chose pour toi ! »
« Quoi encore Goyave ? J’ai besoin de rien… »
« Rien n’est une question de besoin… On est au-dessus de ça… »
« Tu…es au-dessus de ça. »
Il me posa sur le lit et ouvrit l’armoire dans le couloir. Il revint en me tendant un sachet en carton brillant.
Prada.
« Goyave… »
« Ouvre ! Arrête de râler ! »
J’ouvris le sac et à l’intérieur, il y avait une boite noire avec de nouveau un imprimé Prada.
Je le regarde, il est visiblement pressé que je vois de quoi il s’agit.
J’ouvre la boite noire et dans un écrin en velours, reposait un téléphone.
Le Pradaphone.
« Le Pradaphone ?! »
« Tu aimes ? »
« Goyave c’est trop ! Qu’est-ce que… »
Il me coupait la parole et s’assit à côté de moi :
« Je voulais t’offrir le Dior Phone au départ mais te connaissant tu n’aimerais pas… »
« Je me le ferais voler dans le métro… Physalis l’a et il est un peu trop ‘’bling bling’’ pour moi en effet… »
« Tu aimes ? »
« Je… J’adore ! Mais vraiment il ne fallait pas Goyave ! »
« Oh… Arrête ! Et regarde, il a une pochette en cuir Prada ! Tu m’envies toujours mon Levi’s Phone ou mon Armani Phone ? »
Je posais le tout sur la couette et passa mes bras autour de son cou.
« Merci. »
« Mais de rien, mademoiselle ! »
Il se leva ensuite et se dirigea vers la salle de bain. Je pris mon cadeau et retourna au salon.
Je ne me rendais pas compte que ses cadeaux étaient des anesthésiants pour me faire oublier qu’il ne répondait pas aux exigences de bases qu’une fille pourrait avoir vis-à-vis de son copain.
Je mettais à jour mon nouveau téléphone lorsqu’il réapparu au salon.
Un parfait accord de beige et de kaki.
« On sort ? » dis-je un grand sourire aux lèvres.
« Je sors. Je dois régler des trucs… »
« Mais… Et notre après-midi ensemble ? Goyave, tu te fous de moi ? Tu viens de t’excuser de… »
« Non mais relaxe ! Tu fais toujours le shopping prévu ! Je te rejoindrais dans Paris ! »
Il fouillait dans sa poche et sortit un portefeuille en cuir sombre.
Celui qu’il avait fait monogrammé à ses initiales chez Louis Vuitton.
Il me tendit une carte bancaire.
« Je t’ai ouvert un compte. C’est ta Gold ! »
« Tu m’a fait quoi ?! »
J’étais estomaquée.
« C’est hors de question que je prenne cette carte ! »
J’avais peur de tout cet argent. J’avais raison.
Il y avait une différence entre se faire offrir des choses et profiter de l’argent de l’autre pour se faire plaisir seule.
« Arrête tes conneries Cerise ! Elle est à ton nom ! Appelle Grenadelle, Myrtille ou qui tu voudras et occupes toi ! Fais du shopping ! Le solde est assez suffisant pour survivre à ton shopping. »
« Non. Non, je ne prendrais pas cette carte ! Goyave, je voulais faire du shopping avec toi et pas… »
Il me coupait de nouveau.
« Ecoute, je suis pressé Cerise ! Tu ne l’a veux pas ? Tu préfères ma Platinium ? Tiens ! On se voit ce soir ! »
Il posa les deux cartes sur le rebord de la table. Et s’avança vers moi.
« Toutes les assiettes à côté du lit… Je suppose que ce n’étais pas des carottes ou des concombres dedans ! »
« Non… Et alors ?! »
« Et alors, tu t’étonnes d’avoir des kilos en trop mais tu t’ingurgites du sucre par bulldozers ! Ne t’étonne pas qu’on te snobe chez Chanel ! »
Voilà encore l’une des choses chez Goyave : Je n’étais jamais assez mince.
« Je te le répète tout le temps mais comment résister face à une crêpe au beurre sucre c’est ça ? »
« C’est exactement ça ! » Dis-je en provocation.
Il éclata de rire, m’embrassa sur la bouche et se levait du canapé sur lequel il avait fini par s’assoir.
« Commande… »
« …toi quelque chose ! Je sais ! »
« Bonne journée ma chérie ! »
« C’est ça. »
Je passais donc l’après-midi devant la télé.
J’avais commandé deux plats différents et je discutais avec Physalis au téléphone pour savoir laquelle de nous deux avait le portable le plus hype du moment.
Vers 19heures, mon nouveau portable sonna et je pris l’appel :
« C’est Goyave ! Ca va ma puce ? Alors, perdue chez Printemps ? »
« Je suis restée dans la chambre. »
« Je vais au Café Beaubourg là… Sois là dans une heure. Et oublie la robe de ta copine ok ? Un truc inédit ! Et ramène les cartes.»
« Je viens comment ? »
« Appel la réception, commande un taxi et je paierais à l’arrivée. »
Fin de la communication. Il avait l’art de la formule. C’est le moins que l’on puisse dire.
Ce que j’avais vécu cette journée de samedi n’était que le début. La soirée allait être encore pire. (Oui c’est possible.)
A la fin de semaine prochaine pour la suite…
J’ai adoré vos commentaires donc perdez pas les bonnes habitudes !
B.
novembre 28, 2011OMG cet article j’ai l’impression de me voir. c’est ce que je vis actuellement. Que faire ? une relation de 2ans et demi presque 3 ans et je n’arrive pas le quitter. je sais qu’il le faut mais j’arrive pas.
la belette
octobre 4, 2011Bon, j’attendais la 2è partie pour en savoir plus et là, c’est définitif : il faut dégager d’urgence la goyave et son foutage de gueule intégral. La cerise est trop chère pour lui.
Mlle Cerise
octobre 4, 2011Oh bah didonc! C’a c’est vraiment gentil!
Mais je ne sais pas si tu sais mais ce sont des « Flash-Backs » donc ce sont des choses qui se sont passés il y a plus de deux ans… Je ne suis plus avec lui depuis 2009…
Et je ne peux pas dire que ce soit moi qui l’ai à proprement parler « jeté ». Voir ce qui s’est passé.
Merci pour ton commentaire!
Bisous,
Cerise
Anonyme
octobre 3, 2011J’ai relu les articles que tu as mis en lien ici. Tu as tellement évolué et ça a l’air de te faire du bien =)
Bisous
Mlle Cerise
octobre 4, 2011Si je pense que c’est qui c’est alors ça me fait vraiment très plaisir comme compliment.
D’autant plus que tu t’es absenté longtemps donc tu as un bon recul… Merci !
En esperant te voir t’abonner et liker ma Fan Page !
Bisous,
Cerise.
You
octobre 3, 2011goyave c’était quoi ? le grand business man plein de cash ? lol
hate de lire la suite!!
Mlle Cerise
octobre 4, 2011Ahaha! Ma chérie !
C’était quelqu’un ma chère! C’était quelqu’un…
D’ici une semaine.
Bisous,
Cerise
mangue
octobre 2, 2011je te trouve bien courageuse. je serai déja partie de la chambre avt son retour.
Ne te laisse plus faire.
jattends la suite avec impatience!!!!!!!!!
Mlle Cerise
octobre 4, 2011Tu as du courage. Je t’avoue que maintenant je sais que j’aurais du partir. Mais j’étais tiraillée… Rien n’était simple.
J’essaye de me dire que c’est pas grave, que c’est fini maintenant et que mes réactions étaient dûes à mon jeune age…
Merci pour ton commentaire ! Contente que tu me lises !
Bisous,
Cerise