Depuis 6 jours, je suis retournée dormir chez mes parents. Tous les soirs, je me dis que je devrais rentrer chez moi mais j’ai envie de me faire encore un peu poupouner. Mr Ananas ne comprends pas bien mais il est patient avec moi. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu soudain ce besoin là. Ils me manquaient peut-être. J’avais besoin de retourner un moment dans la vie de mes 16 ans.
Je me souviens encore du jour où j’ai arrêté de vivre avec eux. J’avais 16ans. J’avais eu une moyenne juste assez passable pour obtenir mon passage en 1ere ES. Mes parents ne voulaient pas prendre le risque que leur ainée échoue au Bac. Ils m’ont inscrite de force dans un Internat.
Et quel internat ?! Je ne dirais pas le nom mais c’est le genre d’internat dont la scolarité annuelle s’élève à 20 000 €. A l’époque, j’étais à des années lumière d’imaginer que mes parents avaient tant d’argent. Je n’avais jamais été « pourrie gâtée » : J’étais dans mon collège de banlieue, certes privé mais je ne m’habillais pas avec des marques (H&M, Pimkies et Zara me suffisaient amplement), je n’avais que 30 € d’argent de poche par mois pour aller au cinéma ou m’acheter deux ou trois magazines, je prenais le bus et le RER….
Mes parents m’ont donc plongé dans un milieu inconnu pour moi à cette époque.
Premier choc : l’uniforme. Bon chic, Bon genre. Fais sur mesure par les Galeries Lafayette Paris. Oui, s’il vous plait. Adieu : Jeans, Tshirt, Tops et autres accessoires de ce genre qui me plaisaient tant.
Second choc : les chambres. Les filles dans une rangée bâtiments. Les garçons dans une autre. Ce château au loin ? L’Internat des « Terminales Méritantes ». Ce sont les filles et garçons de l’école en Terminale qui ont plus de 15 de moyenne. Si jamais en cours d’année, ta moyenne baisse, tu perds ta chambre individuelle et ta place au « Château ». Pour les élèves normaux, c’est des grandes chambres de 4.
En fin de première, j’ai eu 15.80 de moyenne. C’est pour cela qu’en Septembre je me suis installée dans une chambre du Château. Je n’ai jamais perdue ma chambre.
Dans ces chambres de 4, j’y ai rencontré Myrtille. Qui était en Seconde à cette époque. C’est ma meilleure amie maintenant. Elle avait eu la même éducation que moi et elle était tout aussi choquée que moi. A 15 et 16 ans, fraichement débarquées de la banlieue parisienne, tout paraissait presque absurdes. Nous n’étions pas au bout de nos surprises.
En étant scolarisée là-bas, j’ai perdu tous mes amis de mon ancien collège. Je ne rentrais chez moi que pour les vacances scolaires ; ça ne facilite pas l’entretien des amitiés.
Et aussi, je changeais. On ne peut pas être exposée à tout ça sans changer. On le fait inconsciemment.
C’est difficile pour moi d’en parler parce qu’évidemment c’est lié à ma première histoire d’amour et que tout cela me semble presque irréel aujourd’hui. Les mots me viennent mais pas sous forme de phrases. Plutôt comme des flashs. Je ne sais pas si vous y comprendrez quelque chose mais voilà ce que cela peut donner :
Rumeurs. Uniformes. Dortoirs. Fous rires. Intrigues. Louis Vuitton. Cigarettes. Sexe. Forêt. Cocaïne. Tableau d’honneur & d’excellence. Ipod. Nuit. Exclusion. Directeur. Bibliothèque. Chef cuistot. Piscine. Foie Gras. Tennis. Baccalauréat. Porsche. Golf. TGV. Larmes. Brushing. Week-End à Deauville. Sourires. Moqueries. Violences. Chuchotement. Dortoirs. Joints. Gloss. Overdoses. Emploi du temps. Professeurs. Pradaphone. Diorphone. Chanelphone. Baisers. Iphone. Vols. Luxe.
Cette école m’a plus appris sur la vie en deux ans que toutes mes années collèges. J’ai grandis vite parce que je devais grandir vite.
Ceux qui ont été mes amis et même ceux qui ne l’ont pas été ont l’habitude d’une vie où tout est facile.
Rien ne se gagne. Tout est dû.
J’ai cru que j’en faisais partie aussi et même que je les dominais lorsque j’ai compris que le plus riche d’entre eux était amoureux de moi. Mais j’ai compris plus tard aussi, que tout va tellement vite dans ce monde que ça ne signifie strictement rien pour eux. Parce que pour eux, ce qui est beau dans le fait de voir quelqu’un monter, c’est de savoir qu’il va tomber. Et plus il monte haut, plus la chute sera dure.
Et elle le fut.
Prochain article : Ma toute première fois.
Bisous,
Cerise
V.
décembre 2, 2012Même sans photo, j’aurais pu reconnaître l’internat. Ancienne rocheuse, je comprends cette liste de mot, je comprends parfaitement cet article. Meilleures, mais aussi pires années de ma vie. Ce monde, ces personnes, ces sourires, ces rumeurs… Surtout les rumeurs… Je pourrais en parler pendant longtemps!
Mlle Cerise
décembre 16, 2012Ravie que tu me comprennes alors !
=)
A très bientôt j’espère !
Bisous,
Cerise