A la Myrtille.

Quand on est petits, l’amitié est d’une déconcertante facilité. On s’avance vers quelqu’un qui semble « gentil » et on lui demande simplement si il/elle veut être notre ami.

 

Au collège, l’amitié est à géométrie variable. On en a et on peut immédiatement les perdre pour une histoire tellement futile que quelques années plus tard, on s’en souvient à peine.

 

Et puis il y a les vraies amitiés. Celles qui durent. Celles qui traversent les années et les evolutions avec une régularité constante. Ce genre d’amitié qui semblent éternelle et sans laquelle on ne s’envisage plus.

C’est ce que je partage avec Mlle Myrtille depuis tant d’années.

 

Ce jour où je l’ai vu pour la première fois dans le parc de mon internat, toute seule avec son portable, je me suis dit comme à la maternelle : « elle a l’air gentille ». Elle semblait être comme moi dans cet environnement de jeunes riches. Elle semblait ne pas y appartenir.

 

On s’est retrouvé à la même table dans le refectoire mais je n’ai pas su comment lui parler. Le « Tu veux être mon amie ? » n’étant plus de notre age. J’ai juste été la seule à savoir où se trouvait l’ile d’où elle venait alors que personne à table ne le savait. Un ex à moi venait de cette ile, je n’avais donc aucun mérite.

Tant pis.

Echange de sourire quand même.

 

Quelques jours plus tard, la surveillante de chambre l’a change de chambre et mets Myrtille dans la mienne. En sortant de la douche, je vois ses affaires sur mon lit :

« C’est mon lit. Toi, tu es en haut. »

Tout était une question de jeux de domination là bas. Je me suis trouver aggressive au moment même où j’avais fini de parler.

« Ah ! Bah désolée ! »

Elle deplace ses affaires pour les mettre sur le lit du dessus.

 

Les mois ont passés et on s’est véritablement rapprochées.

Dormir pratiquement dans le même lit que quelqu’un 5 nuits par semaine pendant 1 an ; partager les peines, les rumeurs, les revisions et les fous-rires ; ça ne peux que rendre une amitié indestructible. Du moins, durable.

 

Elle m’a vu au réveil, levisage en construction.

Je l’ai réveillé 12 fois tous les matins pendant 1an.

J’ai râlé quand elle était en retard tous les matins et féliciter quand exceptionnellement ce n’était pas le cas.

Elle s’est cachée dans mon lit à minuit pour qu’on discute en mangeant des brownies.

Et puis, Mlle Myrtille a quitté l’internat après un an alors que je devais enchaîner une nouvelle année, cette fois-ci toute seule.

Notre amitié s’en est trouvée encore plus renforcée.

Je l’appelais tout le temps pour lui raconter ce que certains devenaient ou ne devenaient pas.

 

Et les années passent depuis cela, toutes les mêmes mais toutes différentes. On grandit et on se rend compte qu’on avait 15 ans lorsqu’on s’était rencontré et qu’on en a 22 aujourdh’ui. Mais qu’on est toujours autant amies.

 

On se rend compte que cette personne est littéralement devenue un pillier. Une amie. Une sœur.

Je pense qu’on a tous un ou une amie qui représente cela.

La mienne a 21 ans aujourd’hui et c’est juste un article pour lui dire que je l’aime.