« Etre le copain de Cerise »

Je me suis souvent demandé ce que Mr Muscade pensait de mon blog. En effet, vous êtes nombreux à me demander par mails ce qu’il en pense ou ses réactions face à certains de mes articles.

C’était une question que je ne me posais jamais mais ça a fini par réveillé ma curiosité.

Mr Muscade est au courant du blog, il le lis quelque fois…

Mais qu’est-ce que cela lui fait de connaitre mon passé ou de savoir que d’autres lisent ce qu’il peut considérer comme intime.

Alors qu’il lisait un de ses comics dans le canapé, je l’interrogeais l’air de rien pour en savoir plus.

Voici le détail de notre conversation :

« Chéri… ? »

Il lève la tête lentement de sa BD et me regarde. Je lance le magnétophone sur mon portable et lui demande en ayant l’air d’être distraite par ma page HelloCoton :

« Comment as-tu réagis quand tu as su que j’avais un blog ? »

« Pourquoi tu penses à ça… ? »

« Je sais pas… Je me demande. Alors ? »

 

Il hésite et pose la tête contre le dossier du canapé.

« J’ai trouvé ça cool ! »

« Mais tu ne savais pas de quoi il s’agissait…. »

« Bah non… Mais quand j’ai su, ça ne m’a pas tellement gêné car nous n’étions pas ensemble… Ça m’a intrigué sur le coup mais je t’avoue que ça m’est complètement sorti de la tête. »

Je hoche la tête et laisse un temps s’écouler. Une vraie détective privée.

« Mais tu as fini par comprendre que ça avait une place importante dans ma vie non ? »

« Lorsqu’on s’est mis ensemble…. »

« Et ça ne t’a pas gêné ? »

 

« Cerise, c’est quoi cet interrogatoire-là ? »

Je soupire.

« Tu vas écrire un article sur moi ? »

« Paranoïaque. »

 

Silence dans la pièce. Je meurs d’envie d’en savoir plus mais je fais mine d’être absorbé par un tuto coiffure. Il réponds.

« Bah si ! Si ça m’a carrément gêné. Ça m’a dérouté. Surtout lorsque j’ai su que des gens que je connaissais lisait ce blog. Lorsqu’en classe on me charrie sur la manière dont tu décris notre rencontre, c’est sûr que ce n’est pas très agréable. »

Je l’attendais celle-là.

« D’accord… Mais en soit, de savoir que des gens que tu ne connais pas, lisent ce blog, ça te dérange ? »

« Non… »

Je décide de ne plus en parler pour le moment.

 

Plus tard, lorsqu’on est à la cuisine, je reviens sur le sujet. En ouvrant le frigo pour prendre les deux paquets de carpaccio, je demande :

« Tu n’as jamais été tenté de lire MonBeauCerisier ? »

« Si… Je l’ai lu… Mais bon, la fois où j’ai lu ton blog, j’ai appris que tu t’étais remise avec Mr Ananas donc bon…. »

 

Silence.

 

Je prépare les plats et en les apportant dans la salle à manger, je lui lance à la volée :

« Est-ce que ça ta déjà fait changé d’avis sur moi ? »

Il rigole.

« Non. Mais tes articles sont écris d’une telle manière que je sais que tu sais que je lis. »

« Tu penses que je censure ? T’en es certain ? »

 

Dans le couloir, je le fixe, bravache.

« Non… Je n’en suis pas sûr mais si tu savais que je ne lisais pas du tout, tu n’écrirais peut-être pas la même chose. En même temps, je n’y vais jamais de moi-même, c’est toi qui me demande mon avis sur certains articles … Mais je pense que tu te fixes inconsciemment une limite. »

« Tu sais que je raconte parfois des scènes où nous sommes au lit…. »

« Oui mais ça ne me gêne pas parce que je sais qu’elles sont décrite de façon très évasives… Très floues. C’est plus un ressenti qu’un récit pornographique. Si c’était le cas, ça me gênerait parce que je me dirais qu’il y a exposition publique d’un acte qui est plus que privé, complètement intime. »

 

Quelques heures plus tard, dans la salle de bain, en me démaquillant, je reprends mon interrogatoire :

« Pour toi, tu sors avec moi ou Cerise ? »

« Avec toi. Cerise c’est une facette de toi. »

« Et tu ne l’a ressent jamais au quotidien ? Cerise. »

« Non… Je sais que c’est latent. Je sais qu’elle est là, que chaque évènement qu’on fait ou qu’on vit, ça peut potentiellement donner lieu à un article. Si ça brille ou que c’est du maquillage ou que tu poses beaucoup de questions comme maintenant, je ressens Cerise, oui. »

Je rigole.

« J’ai acheté la manucure Caviar ! Avec tes yeux illuminés, je sais que tu en feras un article… ; Mais sinon, je sors avec toi, Cerise est là de temps en temps. C’est surtout ton côté « je vais pouvoir en faire un article » qui est Cerise.»

 

En rentrant dans le lit, tandis qu’il plis ses vêtements, je lui demande :

« Et qu’est-ce que tu penses du prénom Mr Muscade ? »

« J’aime pas. »

J’éclate de rire. Je ne savais même pas ce qu’il en pensait en fait.

« Non, c’est vrai. Je n’aime pas. Je n’aime pas la Muscade… »

« Tu aurais préféré quoi ? »

« J’en sais rien moi ! Mr Brugnon, Mr Pèche, Mr Nectarine… Bof… Je m’en tape un peu.»

« Tu aurais préféré Mr Ananas ou Mr Goyave ? »

« Non… Je m’en fous un peu…. Je suis pas trop fan de ce genre de truc.»

 

Je ris de nouveau tant qu’il rentre dans le lit et se serre contre moi. Je colle mes petits pieds froids contre les siens en appréciant le fait que ça ne le dérange pas.

Juste avant d’éteindre la lumière, je dis encore :

« Est-ce que sortir avec une bloggeuse, c’est différent que de sortir avec une fille qui n’a pas de blog ? »

« Non. Je trouve ça bien de raconter sa vie et surtout de savoir le faire. Je sais que moi, je ne pourrais pas… Dans ce cas-là, toi tu écris et moi je fais de la musique. »

Je ne savais pas si je vous l’avais dit mais Mr Muscade joue de la musique. Il en a même vécu pendant deux ans.

« Tu as déjà composé pour moi ? »

« Oui… Mais c’est privé. »

Je lui chuchote à l’oreille : « Tu me feras écouter… ? »

« Non. »

« Jamais ? »

« Peut-être que si… Mais je n’ai jamais fait écouter à personne alors bon… »

 

Silence.

Dans le noir, ses réponses créent des idées dans ma tête et juste avant de m’endormir, je l’entends me murmurer :

« Je sais que tu en feras un article… »

Finalement, peut-être que c’est cela être le copain de Cerise.