Ce que nous avons été…

Je suis en pyjama dans mon salon.

On est dimanche. Les dimanches soirs ont toujours été sombres pour moi. Je suis comme nostalgique de la semaine qui vient d’avoir lieu. J’ai peur de celle qui va arriver.

Je suis souvent fatiguée. Et j’écoute du jazz vocal.

Comme maintenant.

 

J’ai répondu à Mr Goyave : 

« Pourquoi est-ce que tu veux me voir alors que tu as refais ta vie?»

 

En l’envoyant, je me suis forcée à penser à autre chose. Parce que tout est toujours vulnérable avec Goyave. Je sais qu’il ne faut pas gratter beaucoup pour qu’il m’atteigne.

 

Et hier soir, il m’a répondu.

« Viens. Je sais que je t’en demande beaucoup. Beaucoup trop.

Mais s’il te plait, Cerise. Je ne te demande qu’une dernière conversation. Sans jeu. Sans manipulation. Sans rancune. 

Juste toi et moi. Ce qu’on a été. J’en ai besoin.

Si tu m’as jamais aimé, accepte. »

 

C’est pire que ce que j’imaginais.

Goyave est mon passé. Et il doit le rester. Définitivement. Je le sais.

 

Ce soir, je suis dans mon canapé. Autour de moi, il y a tous mes anciens journaux intimes. De 2008 à 2010.

Mes journaux de mon histoire avec lui.

 

Je ne sais pas pourquoi je pleure.

Je l’ai vraiment eu dans la peau. Je me rends compte que je n’ai jamais aimé quelqu’un comme lui. Je n’ai jamais tant accepté dans une relation qu’avec lui.

Tout était grandiose avec lui. Autant mes joies que mes larmes.

 

J’ai bien conscience de ne pas être du tout rationnelle. De ne pas être raisonnable.

Je ne devrais même pas y penser. Je n’aurai pas dû ouvrir ces journaux.

 

Mais c’est Goyave.

 

Et il va se marier.

 

Je vais aller le voir.

Ma décision est prise.

 

Mais j’ai grandi. De trois ans. Ce n’est plus la même Cerise qui lui fera face.

 

• Ce que j’écoute en vous écrivant : In the Wee Small hours of the Morning – Stacey Kent