Ça fait quelques mois qu’un voile devant mes yeux s’installe… Je ne savais pas de quoi il s’agissait alors je forçais sur mes yeux. La flemme d’aller voir un ophtalmologue.
Mais travailler sur l’écran devenait de plus en plus compliqué. Les maux de crâne s’accentuaient et c’était difficilement vivable.
Lorsque à la fin d’une journée, je ne voyais plus clairement devant moi, je décidais de prendre rendez-vous.
Heureusement, le rendez-vous eu lieu rapidement.
Je me suis assise sur l’énorme machine impressionnante et tentais tant bien que mal de lire les lettres qui s’affichaient sur le mur d’en face.
J’en perçois certaines, en devine beaucoup. Sans doute beaucoup trop.
Lorsqu’il me demande de lire la quatrième rangée, je vois les lettres mais elles s’épaississent et deviennent complètement floues en quelques secondes.
Il soupire. Change les verres optiques, me mets des gouttes, réessaye… Manifestement, il cherche quelque chose.
L’examen se termine.
Il m’invite à me rasseoir sur les sièges face à son bureau.
« C’est grave? » je demande. Je ne tiens plus. Il tape sur son ordinateur les sourcils froncés.
« Je ne vais pas vous mentir… Je suspecte un glaucome. »
Ça à l’air grave. Ça sonne comme « tumeur » ou « kyste« … Un truc pas simple.
Il m’envoie faire des examens chez un orthoptiste.
Un champ visuel Humphrey 24-2.
Je ne sais pas plus que vous de quoi il s’agissait. Mais mon réflexe premier en sortant du cabinet à été de regarder sur Wikipédia.
« Le glaucome est une maladie dégénérative du nerf optique qui entraîne une perte progressive de la vision commençant tout d’abord en périphérie et progressant graduellement vers le centre. (…) La perte de vision associée au glaucome est permanente et irréversible. Sans traitement, cette maladie peut mener jusqu’à la cécité. »
Voilà. La messe est dite.
Je risque de devenir aveugle.
Mon cœur bat la chamade. J’appelle mes parents en pleurant. Ma mère tente de me réconforter en me rappelant que ce n’est pas sûr. Il faut que je fasse les examens pour vraiment savoir. En attendant, pas de panique.
Je comptais rentrer chez moi ce soir-là, mais je me dirige naturellement vers chez Muscade. Aucune envie de me retrouver seule.
Lorsque je lui dis, il me prend dans ses bras mais je vois bien qu’il n’est pas rassuré du tout.
Le lendemain matin, j’appelle le spécialiste que l’ophtalmologue m’a conseillé. Il est parti en vacances pour 3 semaines et ne se fait pas remplacer.
Commence alors la course à l’orthoptiste. Figurez-vous que ceux qui ont cette fameuse machine Humphrey 24-2 sont sacrément rares. Même dans les hôpitaux ! Près de deux heures plus tard, d’explications, d’appels, d’attentes (les 4 saisons de Vivaldi me donnent désormais de l’urticaire), je finis par trouver une orthoptiste à Charenton-le-Pont.
La veille du rendez-vous, je me tourne et me retourne dans le lit.
« Si je deviens aveugle… Tu me quitteras? »
« Cerise… Dis pas ce genre de conneries s’il te plait. »
« Mais réponds moi ! Ça peut arriver ! «
« Arrête de te prendre la tête. Tu ne seras pas aveugle. Demain, on va analyser tes yeux et on sera fixé. »
Le cabinet est très classe. Le docteur me fait rentrer dans son bureau.
Elle m’explique comment ça va se dérouler : je fixerai un point noir au centre. Lorsque je verrais un flash lumineux apparaître autour, sans cesser de regarder le point noir, j’appuie sur la télécommande. Cela testera mon champ visuel.
L’examen est long. Mes yeux fatiguent. Je me demande si je vois tous les flashs lumineux.
Lorsque c’est terminé, elle me dit que je dois patienter dans la salle d’attente le temps d’avoir les résultats. Mais par contre, elle n’aura pas les droits de me les interpréter. Seul mon ophtalmologue pourra le faire.
Encore du suspens. Encore de l’angoisse.
En sortant avec des feuilles bourrées de chiffres que je ne pouvais comprendre, je prends immédiatement rendez-vous avec mon médecin.
J’ai envie de crier de joie lorsqu’il me dit qu’il a de la place pour le lendemain matin.
Cette nuit là fut agitée de nouveau. Je faisais mentalement la liste des choses que je ne pourrais plus voir…
Les yeux de Muscade. Les mains de ma maman. Le sourire de mon père. Mon blog et ceux des autres. Je ne pourrais plus me maquiller, ni me faire les ongles… Je ne pourrais plus voir des paysages étrangers… La liste s’allongeait…
Je tournais et me retournais dans mon lit.
Un quart d’heure avant le rendez-vous, j’étais dans la salle d’attente.
Le médecin parcoure les résultats. Silencieusement. Je me sens capable de vomir mon cœur tellement je le sens dans ma gorge.
« Ce n’est pas un glaucome. »
Je lâche un soupir comme jamais. J’éclate de rire. Un rire qui se transforme en fou-rire incontrôlable. Proportionnel à ma peur.
Le médecin m’incite à me calmer, un sourire aux lèvres. Il doit avoir l’habitude.
« Alors qu’est ce que j’ai? »
« Une malformation du nerf optique. Il doit être droit et le votre est complètement incurvé. C’est ce qui vous empêche de voir correctement. Mais c’est réglable avec de l’orthoptie et des lunettes de vue. »
Je lui souris. Je suis d’accord avec tout ce qu’il dira, tant que je conserverais ma vue.
Bon. J’ai le nerf optique malformé. Ça c’est plutôt drôle. Tu parles d’un handicap !
Je porte donc des lunettes. Au début, j’avais franchement du mal.
Mais ma vue étant tellement nette avec, que j’ai pris goût… Et maintenant…
Je les aime bien.
Même un peu plus que ça.
- Ce que je porte sur la photo : Sand Tropez – Essie
- Ce que j’écoute en vous écrivant : J. Cole – Power Trip ft. Miguel
Calma28
juin 28, 2013J’aime beaucoup ta façon de raconter. J’ai plus ou moins vécu la même histoire il y a quelques mois, sans le stress du glaucome, heureusement, mais avec le malaise de porter des lunettes, qui s’est dissous avec le temps. 😉
Mlle Cerise
juillet 9, 2013Merci beaucoup pour ton commentaire et ton compliment !
Ah c’est sûr que les yeux, c’est tellement fragiles qu’on est immédiatement alertée quand ça ne va pas…
A très vite j’espère !
Bisous, Cerise
Mary Faou
juin 28, 2013Tu sais vraiment bien manier le suspense, j’ai passé 10 minutes à stresser en lisant ton récit, heureusement ça se termine bien, ouuuuuf ! Tes lunettes sont très jolies 🙂
Mlle Cerise
juillet 9, 2013AHAH ! Je l’ai subi pendant quelques jours le stress ! =D
Mercii pour le compliment ! Bisous, Cerise
Asuka
juin 28, 2013J’avoue avoir eu la boule au ventre lorsque tu as évoqué le glaucome ! Heureusement plus de peur que de mal 😀
Dans tous les cas tu as été très courageuse !
Mlle Cerise
juillet 9, 2013Comme tu dis, plus de peur que de mal… Mes lunettes sur le nez, la vie est tout de suite plus nette !
Bisous, Cerise