Je suis dans mon lit, sous mon plaid, en short et t-shirt.
Comme tout le monde ces dernières heures, j’ai envie d’écrire. Et comme tout le monde ces dernières heures, je ne sais pas si je vais publier cet article.
Je me sens vide. Et triste. Et désemparée.
Parce qu’on a touché à Paris, mon Paris, ma ville.
On a tiré sur des parisiens qui ne faisaient que profiter de leur vendredi soir. On a déchiré les quartiers les plus cosy, les plus jolis, les plus naïfs de Paris.
J’aime ma ville, j’aime ma ville au point de vouloir la partager tous les mois en vidéo.
J’aime ma ville et quand je vois ma Tour Eiffel éteinte pour la première fois depuis 100 ans, je pleure.
J’ai l’impression d’avoir perdu ma naïveté.
Vendredi soir, comme tous les soirs, j’étais au téléphone avec mon chéri. Et comme tous les vendredis soirs, une de mes sœurs m’appelle pour qu’avec ma voiture, je lui évite un trajet en bus.
Comme tous les vendredi soir, je râle, je peste, je snappe même que « vraiment elle exagère!« .
Juste avant de démarrer et verrouiller mon téléphone, je tombe sur un tweet dans ma TimeLine : « Fusillade à Paris »
Je démarre en me disant, les yeux au ciel : « encore deux zozos qui se tirent dessus »
Parce qu’on est surchargés d’informations, parce que les chiffres, les morts d’ailleurs, les malheurs quotidiens ne nous touchent presque plus…
Oui, à cause de tout ça, je n’ai pas cherché à en savoir plus.
J’ai récupéré ma soeur, je l’ai déposé chez mes parents, je suis rentrée chez moi.
Je lance FaceTime et rouvre Twitter. Ma TL semble en feu.
Mon cœur bat de plus en plus fort « qu’est ce qui se passe?! »
Mon chéri s’affiche à l’écran et voit mon visage atterré « Quoi? Qu’est ce qui se passe? »
Je prends l’ordinateur, mon plaid et je cours au salon. J’allume la télé qui est déjà sur BFMTV.
Et la, à cet instant, je perd toute ma naïveté. Je n’arrive même pas à fondre en larmes tellement j’ai peur.
18 morts.
40 morts.
J’envoie des messages WhatsApp à toutes mes sœurs et cousines vivants sur la capitale.
Tout le monde est là, sauf Tania.
Introuvable, injoignable.
Elle travaille Rue Voltaire et sort tous les vendredis avec ses collègues. Son téléphone est éteint.
La panique. Totale.
60 morts.
Le Bataclan. Les rues. Le petit Cambodge. Les terrasses. Les morts au sol.
Toujours aucune nouvelle.
Le chéri, derrière l’écran, les oreilles sur les News américaines et les yeux braqués sur moi, essaye de me rassurer.
Tout ira bien.
Et les témoignages. Et la prise d’otage. Et les bombes au Stade de France. Et les #porteouverte et les retweets.
Et les vidéos de témoins. Le silence dans mon salon malgré la télé et le bruit assourdissant sur Twitter.
Enfin, Tania rentre à la maison. Téléphone déchargé, juste au cinéma, pourquoi qu’est ce qui se passe?
Il se passe qu’on a essayé de nous tuer.
Nous.
Nous les jeunes, nous les français, nous les parisiens, nous le bonheur, nous la liberté, nous l’égalité, nous la fraternité.
Le bilan qui s’alourdit, les morts, la peur. Et l’insomnie.
Mr Cerise me chante Bob Marley pour m’endormir tant bien que mal comme lorsque je fais un cauchemar près de lui.
Et je sombre. Et je me réveille, je saisi mon téléphone, ce n’est pas un rêve, j’ai de nouveau cette envie de vomir, et je me rendors.
Et le lendemain : le silence. Les larmes, les fleurs, les « il est vivant dieu merci » et les trop nombreux « merci de votre aide, il est décédé ». Ces visages d’inconnus qui hantent mon samedi. Ces inconnus parisiens qui auraient pu être moi, mes soeur, mes amies…
On est dimanche. J’ai essayé de faire autre chose : j’ai utilisé le fait que je n’arrivais pas à dormir pour aller à la messe.
Je pense à eux, à toutes les victimes..
Mais je ne céderai pas à la haine, à l’amalgame et la peur.
Je vais faire comme jeudi soir, comme d’habitude, essayer d’être heureuse : pour eux. Pour qu’ils ne soient pas morts pour rien.
Je suis parisienne. On est tous parisiens désormais.
Sylvain
juillet 3, 2016Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
(Paul Eluard)
Nadiia
avril 23, 2016<3
Jorgie
novembre 16, 2015Salut Cerise ca va? J’ étais a Paris durant 2 semaines, je t’ ai écrit pour une rencontre. Mais sans réponse. Toutefois j ai visite le Musée Gourmand du Chocolat comme tu avais référé.
j ‘ aime sortir le weekend, mais vendredi a cause d une mauvaise grippe, je suis rentrée chez moi après un séminaire. Et du coup ma cousine m appelle , pour savoir si je suis dans les rues. Et la famille aux USA , au Canada , en HAITI s inquiètent sachant que j’ étais a Paris pour participer a un séminaire. J’ ai quitte Paris hier et je suis désormais chez moi en HAITI. C’est vraiment inhumain quand on regarde la vidéo du Bataclan a tué des gens comme si on faisait du POP Corn. Ces phénomènes touchent tous les continents il y a pas que Paris. Je suis préoccupée par famille qui vit la-bas, mes amis, mes connaissances et les parisiens. Prions pour que la Paix règne dans le monde.
Lorelei
novembre 16, 2015Merci pour ce très beau message, j’imagine comme ces heures ont dû te sembler longues….
Courage pour surmonter ces prochains jours, on est tous avec vous….
bizz
Laurianne
novembre 16, 2015Très bel article Cerise.
Prends bien soin de toi <3
Emma D.
novembre 16, 2015Bravo Cerise !
Tu as tout dit.
On reste fort….
deltreylicious
novembre 16, 2015Quel beau texte, tu as tout dit ! Merci !!!
Tu as du sacrément avoir peur pour Tania, je n’imagine même pas dans quel état tu étais, heureusement, elle s’en est bien sortie.
célich0u
novembre 15, 2015Sublime article, merci de l’avoir publié 🙂
Ma petite sœur vit dans le 10ème arrondissement, et heureusement qu’elle était au travail quand ça s’est passé.
Elle a fini à 00h20 mais m’a rendue folle à vouloir prendre le métro alors qu’on ne savait pas si tous les terroristes étaient neutralisés. Elle aurait pu en croiser un en rentrant..
Bref, je m’égare, ça aurait pu être chacun d’entre nous vous que ces attentats étaient purement gratuits.
Encore merci pour ce magnifique article
dahlia
novembre 15, 2015coucou ravie que tes proches et toi soit saint et sauf moi j’ai du reste des heures sur Skype avec mon père ma mère et ma sœurs avec plusieurs pers en ligne sur whasps pour avoirs des nouvelles franchement pénible et lourd a supporte juste a prie pour ses famille touche par une aussi grande douleurs de perdre un proche tant aimée je sait combien de fois cela fait si mal je l’ai vécu a plusieurs reprise bien de chose a toi et ta famille soit prudente serte en ne sait pas a quel moment cela va arrive mais soit très vigilante bisoussssssssssss
Ndour
novembre 15, 2015C est tellement triste mais on doit être courageux vivre et prier ma belle cerise
Ninon
novembre 15, 2015Je suis contente de voir que tu l’as publier au final cet article…
On prend d’autant plus conscience de ces actes terroristes qu’en plus tu habites, toi, à Paris.
Si on n’en parle pas, si on le passe sous silence, ca reviendrait presque à ne pas vouloir en prendre conscience. Et si on ne parle pas de ça, si on n’y met pas des mots, on n’arrive pas à surmonter ça et ils auront gagnés…