Mr Goyave se reprends et se compose un sourire de circonstance.
« Mec, c’est quoi cet endroit là? »
Moi je ne rigole pas du tout. Je suis en talons aiguille, minirobe noir, talons donc pas vraiment apprêté pour être dans ce genre de fête… Je jette un regard de panique à Goyave qui ne me regarde pas. Toujours dans la voiture, j’attrape le bras d’Acide et lui dit que je ne suis pas du tout rassuré et que je préfère m’en aller.
« Mais nooon!! Vous allez voir ça va être cool!! Je connais ce genre de coin!! C’est vraiment « Chill »..!! »
Il sort de la voiture, Goyave l’imite et ils m’attendent devant la portière. Je me force à y aller. Je prends ma pochette-portefeuille et sort de la voiture.
Je marche sur le béton et nous laissons le chauffeur derrière nous. Je n’étais plus si proche d’Acide qui ne m’inspirait pas du tout confiance. Non, j’étais très près de Goyave qui me fit un discret regard rassurant. J’entraperçue une sorte de sas coulissant dans le fond du lieu où nous nous trouvions. Mais juste avant d’arriver à cette entrée, il y avait une énorme flaque boueuse. Mes chaussures ne tiendraient pas le choc. Je me retourne vers Acide :
« Je ne peux pas passer. Porte-moi ! »
La carrure d’Acide n’est pas vraiment faite pour cela. Plus dans le style « je-porte-du-Cerutti-en-hiver-et-du-Armani-en-été », il ne convenait pas vraiment. Son regard vers moi voulait tout dire.
Mes fesses lui plaisent mais quand il s’agit d’en soulever le poids…
Goyave en trois pas se retrouva à mes cotés.
« Tiens-toi à mon cou ! »
Une fraction de seconde plus tard, j’étais en l’air. Si je n’avais pas si peur, si je n’avais pas si froid… J’aurais vraiment analysé mes sentiments à ce moment. Mais je ne pensais qu’à une chose : L’HOTEL !!
La musique sourde devint plus forte et devant le bâtiment, Mr Goyave me reposa au sol. Acide poussa la vitre du sas et rentra à l’intérieur. Goyave me fit passer devant lui. En rentrant, je vis un groupe de gens visiblement ivres affalés sur des marches d’escaliers sales et défoncées. On devait être dans un entrepôt à l’abandon si j’observais bien les lieux.
Mr Acide nous avait amené dans un squat.
Je n’entendais même plus mes pensées à cause de la musique. Je voyais à peine autour de moi à cause de l’obscurité, des vapeurs de fumées et des néons de mauvaise qualité. Je faisais attention pour ne pas trébucher parce que le sol en plus d’être sale semblait humide. L’état de stress dans lequel je me trouvais me faisait imaginer n’importe quoi : « m’avait-il emmené là pour me violer ? », « est-ce illégal ? », « et si la police débarque ? »…
Je regardais Mr Acide qui semblait complètement dans son élément.
Les riches ont vraiment besoin d’agir comme les délinquants pour se sentir vivre…
Il saluait des gens au visage hagard, au regard vitreux, avec une décontraction sidérante.
« Bah prenez un verre ! »
Goyave me regardait. Je ne jouais plus du tout. Il a dut lire la panique dans mes yeux car il me demanda d’attendre deux secondes sans bouger là où je me trouvais. Je m’immobilisai immédiatement et le vit s’éloigner vers Acide. Je les voyais parler et je vis Acide lui proposer une bière ou quelque chose dans ce genre. Goyave l’ouvrit, but quelques gorgées et continua à lui parler. J’étais persuadé qu’il était en train de lui expliquer que je ne me sentais pas bien et que je voulais rentrer. Mais non. Une seconde plus tard, je les vis éclater de rire. La musique m’assourdissait les oreilles et je ne pu m’empêcher de m’approcher d’eux.
« Acide, ramène-moi à Paris ! »
Son sourire flotta quelques instants sur ces lèvres avant qu’il lâche :
« Je finis ma bière et on bouge. J’ai récup’ ce que je voulais. »
Un quart d’heure plus tard, on était dans la voiture en direction de paris. J’avais demandé à Goyave de se mettre à l’arrière avec moi et j’avais la tête sur ces genoux. Je n’avais plus du tout la tête à jouer. Une demi-heure plus tard, on arrive à République. On descends de la voiture et Acide s’adresse à Goyave :
« Je monte vite fait pour qu’on se le fume… »
Je ne veux même pas savoir de quoi ils parlent. Je rentre dans le hall, dans l’acsenceur. Goyave valide le badge pour déclencher l’ascendeur et on monte tout le trois. Je n’adresse la parole à aucun des deux. Je ne sais même plus ce que je fiche là.
On rentre dans la suite et je cours à la salle de bain. Je me passe du brumisateur sur le visage et attrape ma brosse à dent. Lorsque plein de chose me dégoute, j’ai la manie de me laver la bouche. Comme pour me désinfecté.
Je n’y crois pas que j’ai mis les pieds dans un squat.
« Goyave, tu peux regarder dans ma pochette dans mon manteau… Il y a des dolipranes. Tu peux m’en filer un… ? »
Silence.
« Ya rien dans ton manteau … »
« Mais si ! Ma pochette LV violette ! »
Aucune réponse. Je sors de la salle de bain et me jette littéralement sur mon manteau. Rien. Ni en poches intérieures, ni extérieures. Je commence à paniquer. Je retourne mon manteau. Ouvre la porte, regarde dans le couloir. Je rentre dans la chambre. Je comprends où il a dut tomber : lorsque Goyave m’avait porter devant la flaque de boue.
Acide est assis dans un fauteuil en train de rouler un joint. Je lui cris d’appeler son chauffeur pour que celui-ci vérifie dans la voiture. 10minutes après ce dernier a répondu qu’il n’y avait rien.
Acide et Goyave me regarde paniquer. Je crie sur Acide que s’il nous avait pas emmené dans cet endroit pourri on en serait pas là. Goyave me demande ce qu’il y avait dedans.
Carte de credit, carte étudiant, cartes de fidélité en tout genre, carte Imagin’R, carte Sécu, environ30€, une plaquette de doliprane, de Spasfon et de Stresam (on est accro aux médocs ou on l’est pas !), un de mes RIB… Bref ma vie !!
Acide de son coté, avec son flegme habituel, appelle en vain les personnes qu’il connaissait sur place. Je suis au bord des larmes. On ne peut pas y retourner car le chauffeur est parti avec la voiture et c’est lui qui avait l’adresse précise.
Il appelle. Encore et encore. Il s’excuse. Mollement.
Une trentaine de minutes passent et toujours aucune réponse. A cause de la musique et de l’état dans lequel étaient ces personnes, c’était normal qu’elles ne répondent pas.
Je tournais en rond, imaginant les conséquences lorsque la sonnerie d’Acide retentit. Il décroche :
« C’est Acide !! Ouais !! Sors de là mec !! Ouais… J’ai ma copine qui a perdu son portefeuille là bas ! Ouais dehors ! A l’entrée !! Mec concentre-toi !! Ya une flaque de merde là !! Regarde… Hein ? Il y est ? OK ! Prend-le… File le à ta meuf et ne l’ouvre pas !! Non il n’y a rien dedans !! Demain je passe le chercher ! Ouais merci mon pote ! »
Je suis soulagée. Je le regarde en souriant. Je me sens beaucoup mieux.
Goyave me tends un verre de whisky-pamplemousse… J’adore mélanger les deux ! Je le bois d’un trait.
« Je mérite un baiser Cerise non ? »
J’éclate de rire. Je sais que c’est le contrecoup du stress de la soirée mais je ne peux pas m’arrêter. Je viens vers lui et l’embrasse. Je retourne vers le bar et me ressert à boire.
Goyave et Acide fument pendant que je bois. On fait notre soirée dans la chambre. J’ai beaucoup rigolé mais l’alcool à beaucoup aider. Je n’étais pas ivre à en être minable, j’avais conscience de mes actes et paroles mais je me sentais bien. Vers 6h du matin, Acide a appelé un taxi pour rentrer à son hôtel. Nous n’avions même plus parlé de ce pourquoi nous l’avions invité.
Bizarrement, ça n’avait plus d’importance.
10 minutes plus tard, Goyave et moi étions seuls dans la chambre. Je suis allez dans la salle de bain pour me mettre en pyjama. Pas question de nuisette sexy. Un t-shirt et un Jogging noir.
Je rentre dans la chambre où Goyave est occupé avec la télécommande de la télé.
Je ne vois qu’une seule chose : le Lit. Unique, Enorme et Imposant.
Qu'en pensez-tu ?